© Museum of Everything Des œuvres de Nek Chand. James Brett/DR ADVERTISEMENT « Ils ne l’aiment pas assez pour l’exposer » : James Brett sur l’art de son Museum of Everything Publié: 04 octobre 2012 Entre les peintures d’un fabricant chaussons, les machines de guérison d’un fermier du Nebraska et les contes de fées troublés d’un concierge de Chicago, le projet ermite Museum of Everything monte depuis 2009 des expositions vivement louées. Elles demeurent, toutefois, dans un domaine de l’art brut ou « outsider », rarement abordé par les grandes institutions et crée par des artistes autodidactes, peu connus et écartés dans les marges du monde de l’art ou leurs créations sont souvent dépourvues de contexte. Après des escales à la Tate Modern, à la Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli de Turin et, cet été, un tour de la Russie, le Museum of Par Nicolai Hartvig Recherche Recherche « Ils ne l’aiment pas assez pour l’exposer » : James Brett sur l’a... http://fr.blouinartinfo.com/news/story/830718/ils-ne-laiment-p... 1 of 5 06/12/2012 10:33 Everything aidera Marc-Olivier Wahler, ancien directeur du Palais de Tokyo, a vernir l’espace Parisien de sa Chalet Society, le 15 octobre. Conversation avec le fondateur du Museum of Everything, James Brett. Vous avez lancé le Museum of Everything en 2009. Comment s’est il développé, depuis ? C’est vraiment un musée accidentel et très organique. Je l’ai créé parce que je voyais que personne ne montrait ce genre d’art. Il n’avait aucun musée officiel et les institutions, quand elles tentaient de l’exposer, ont échoué, car elles n’ont pas su contextualiser des artistes qui le plus souvent ne s’étaient pas contextualisés eux-mêmes, qui n’avaient pas parlé d’eux-mêmes en tant qu’artistes. Le Museum of Everything est bien plus qu’une exposition régulière, vous voyagez à travers une histoire alternative de l’art. Le Museum of Everything a beaucoup voyagé. Je pense que si vous avez une idée naïve et que vous la répétez à assez de gens, l’idée naïve devient réalité. C’est un peu ce qui s’est passé en Russia. Nous avons construit ce musée mobile, voyagé de Iekaterinbourg à Kazan, Nizhniy Novgorod et Saint-Pétersbourg - et dans chaque ville, nous avons monté une exposition d’art provenant uniquement de cette ville. C’était épuisant. Chaque jours vous rencontrez au moins 100 personnes, qui vous apportent tous leur art et qui en parlent tous. La moitié de la population sont artistes. Ils ne sont pas tous bons, mais ils créent véritablement des œuvres qui communiquent leurs besoins et leurs désirs intimes. Parmi 10 artistes, il y en a un qui est intéressant - et parmi 10 qui sont intéressants, un artiste est fascinant. Je pense que ce genre de sensibilisation a vraiment aidé au progrès du Museum of Everything. Nous ne sommes pas qu’une structure d’exposition, nous sommes presque devenu un programme historien, à la découverte de ces vieilles histoires, pour leur donner du contexte. Et pour les sauver, aussi, puisqu’elles risquent de disparaître avec les artistes. Nous voulons aussi encourager les grandes institutions à montrer ce genre de travail. C’est un rôle de plaidoyer. C’est important pour défendre vos artistes, particulièrement quand l’on doit aujourd’hui avoir fait une école de beaux-arts, et avoir bien contextualisé son œuvre, pour être considéré un véritable artiste. Oui. N’est-ce pas dingue ? « Ils ne l’aiment pas assez pour l’exposer » : James Brett sur l’a... http://fr.blouinartinfo.com/news/story/830718/ils-ne-laiment-p... 2 of 5 06/12/2012 10:33 C’est peut-être une manière de les départager dans cette corne d’abondance globale, ou tellement d’artistes sont à découvrir. Pour le marché, un parcours plus formel semble ajouter de la valeur. Il y a beaucoup de détails et de dynamiques, aujourd’hui, qui n’ont rien à voir avec l’art en lui-même. C’est que qui est fascinant. Un autre grand développement du Museum of Everything est son caractère très politique - auquel je ne m’attendais pas, au début. L’année dernière, nous avons fait une exposition dans le grand magasin Selfridge’s à Londres, accrochant des artistes qui ont des trouble des apprentissages. Mais nous n’avons pas du tout annoncé ces handicaps. Nous n’avons pas demandé aux gens d’admirer cet art handicapé, nous leur avons demandé d’admirer ces merveilleux artistes. C’est seulement en regardant de près qu’on s’apercevait que cet art parlait pour des personnes qui ne le pouvaient pas. Cela, avec cette idée de défricher des artistes, me fait prendre conscience de combien c’est politique. Je pense qu’être artiste est un droit humain. Et ce droit est nié à la grande majorité de la population à cause d’exactement ce dont nous parlons, cette raideur de la structure de l’école d’art. C’est une structure qui semble décourager la créativité libérée, la création spontanée et encourage plutôt une approche plus rigide et intellectualisée. Cela fonctionner bien pour certains artistes, absolument. Mais pour la majorité, cela neutralisé leur œuvre et leurs capacités créatives. Si vous faites le tour des foires d’art, vous voyez tellement d’idées sans forme - et d’une manière, vous achetez un contexte. Dans l’art que nous montrons, le contexte est habituellement la vie de l’artiste et vous voyez une vérité.. ce serait comme acheter un morceau de la vie d’une personne, vous observez le monde de cet artiste de manière beaucoup plus intime. C’est un point unique de cet art : il n’a rarement ou jamais eu un rapport avec les majeurs mouvements artistiques ou culturels. Mon parcours est dans le cinéma et l’art dramatique et dans ces domaines, le meilleur travail est toujours le plus personnel. Les meilleurs scénarios, même s’ils traitent de choses très différents de la vie de l’auteur, sont personnalisés. Les meilleurs acteurs sont à l’intérieur de leurs personnages, de leurs rôles. Je me demande parfois pourquoi ce n’est pas de même pour l’art. Pour moi, les artistes que nous exposons ne créent pas de l’art, il expriment juste leurs vies. Tellement d’art contemporain doit être mis en guillemets, pour le présenter en tant qu’art et expliquer à quoi il se réfère, et ce qu’il reflète. Mais ce qui en sort est, trop souvent, uniquement un rapport l’art contemporain lui-même. Toutes ces réflexions, cette communication et ces idées sont autour de l’art lui même, dans un tournez-manège narratif qui résonne avec les curateurs ainsi que les collectionneurs et fins connaisseurs - mais qui est très difficile à communiquer au grand public. En même temps, ces curateurs on tendance à exclure le genre d’œuvres que nous montrons. Pas tout ; il y a des commissaires d’expositions fantastiques qui adorent véritablement ce genre de « Ils ne l’aiment pas assez pour l’exposer » : James Brett sur l’a... http://fr.blouinartinfo.com/news/story/830718/ils-ne-laiment-p... 3 of 5 06/12/2012 10:33 travail, et la plupart des commissaires vous diront qu’ils aiment. Mais ce n’est pas la vérité, car ils ne l’aiment pas assez pour l’exposer. » Au moment de notre exposition de Judith Scott à Londres, nous avions organisé un débat avec Chris Dercon, le directeur de la Tate Modern, Ralph Rugoff de la Hayward Gallery et quelques artistes et autres personnages. Chris Dercon m’avait expliqué que notre genre d’artistes avaient besoin d’un environnement à part, que l’on ne pouvait les mettre avec l’art contemporain, ou dans des expositions comparatives, que l’on ne pouvait les curater dans le canon de l’art. Et Chris Dercon est un individu engagé avec un parcours curatorial fantastique, qui connait bien cet art et le soutien beaucoup. Mais en même temps, il ressent le besoin de le séparer. Je pense que cela touche à l’essentiel : il y a bigoterie dans le monde de l’art formel qui, en fin de compte, dépossède des personnes qui sont déjà dépossédées par la vie. Vous avez demandé à de nombreux artistes bien connus de curater et d’écrire sur vos expositions : Maurizio Cattelan, Carsten Höller, David Byrne, Marlene Dumas.. Quand nous avons monté la première exposition, qui est vraiment la base de celle qui sera à Paris, nous avons demandé a beaucoup d’artistes contemporains de contextualiser et de parler des artistes qu’ils aimaient. C’était un très bon moyen d’intéresser le public artistique, de leur dire que Ed Ruscha adore cet artiste qui s’appelle Sam Doyle, ou que Maurizio Cattelan est grand fan de Morton Bartlett. A travers les artistes plus formels, les gens ont commencé à comprendre leur importance. Cherchez-vous à acquérir des œuvres des artistes que vous découvrez ? Ou est-ce que vous montrez les œuvres seulement sur place ? C’est méli-mélo. En Russie, nous avons particulièrement cherché à, je dirais, secourir les œuvres. En se disant que si nous ne les prenons pas, elles resteront dans la maison de quelqu’un et n’en sortiront plus. Nous demandons a des artistes de soit faire don d’œuvres, ou si elles ont de la valeur, nous leurs donnons quelque chose en échange, sans jamais les forcer du tout. L’essentiel est de trouver un moyen de communiquer ceux qui n’ont jamais été communiqués. La BBC avait une émission radio, il y a quelques années, qui s’intitulait The Museum of Everything. Y a-t-il un lien ? Non, c’est seulement après que j’en ai entendu parler. Le nom du Museum of Everything vient de William Brett, un artiste que j’ai découvert sur l’Isle of Wight. Il vit dans son ancienne école, un gros vieux bâtiment qu’il a rempli de toutes les choses de sa vie, depuis sa naissance en 1920. Une pièce est pleine de vêtements, dont son uniforme militaire. Le tout est agencé comme dans un musée et les enfants du coin l’ont alors appelé le Museum of Everything. J’ai pensé qu’un jour, nous pourrions peut-être mettre son Museum of Everything dans mon Museum of Everything. »»» « Ils ne l’aiment pas assez pour l’exposer » : James Brett sur l’a... http://fr.blouinartinfo.com/news/story/830718/ils-ne-laiment-p... C’est peut-être une manière de les départager dans cette corne d’abondance globale, ou tellement d’artistes sont à découvrir. Pour le marché, un parcours plus formel semble ajouter de la valeur. Il y a beaucoup de détails et de dynamiques, aujourd’hui, qui n’ont rien à voir avec l’art en lui-même. C’est que qui est fascinant. Un autre grand développement du Museum of Everything est son caractère très politique - auquel je ne m’attendais pas, au début. « Ils ne l’aiment pas assez pour l’exposer » : James Brett sur l’a... http://fr.blouinartinfo.com/news/story/830718/ils-ne-laiment-p... Oct 2012 © Museum of Everything Des œuvres de Nek Chand. James Brett/DR ADVERTISEMENT « Ils ne l’aiment pas assez pour l’exposer » : James Brett sur l’art de son Museum of Everything Publié: 04 octobre 2012 Entre les peintures d’un fabricant chaussons, les machines de guérison d’un fermier du Nebraska et les contes de fées troublés d’un concierge de Chicago, le projet ermite Museum of Everything monte depuis 2009 des expositions vivement louées. Elles demeurent, toutefois, dans un domaine de l’art brut ou « outsider », rarement abordé par les grandes institutions et crée par des artistes autodidactes, peu connus et écartés dans les marges du monde de l’art ou leurs créations sont souvent dépourvues de contexte. Après des escales à la Tate Modern, à la Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli de Turin et, cet été, un tour de la Russie, le Museum of Par Nicolai Hartvig Recherche Recherche « Ils ne l’aiment pas assez pour l’exposer » : James Brett sur l’a... http://fr.blouinartinfo.com/news/story/830718/ils-ne-laiment-p... 1 of 5 06/12/2012 10:33